Commune rurale de Banh : Une localité à la recherche des B.A.-BA du développement

Publié le lundi 29 août 2016 à 19h02min

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Commune rurale de Banh : Une localité à la recherche des B.A.-BA du développement

C’est dans une grande mobilisation des populations, ressortissants et autorités, que le maire de la commune rurale de Banh, Ousmane Ouermi, a été officiellement installé dans ses fonctions ce samedi, 27 août 2016. La cérémonie a été présidée par le secrétaire général de la province du Loroum, représentant le haut-commissaire.

La commune rurale de Banh forme, avec celles de Ouindingui, Sollé et Titao, la province du Loroum (avec Titao pour chef-lieu). Commune limitrophe du Mali, Banh est à environ 75 km de Ouahigouya, chef-lieu de la région du nord et à 60 kilomètres de Titao. Tout comme les autres communes de la province, Banh ploie sous de nombreuses difficultés dont la plus cruciale demeure l’enclavement (externe et interne). Le retour à l’ordre normal avec l’élection de l’exécutif local se veut donc de réels espoirs pour les populations des 42 villages que compte cette circonscription. Une attente qui s’est traduite par la grande mobilisation autour de la cérémonie de présentation du Conseil municipal et d’installation du maire.

C’est le secrétaire général de la province, Saïdou Guigma, accompagné de plusieurs autorités au plan local, qui a procédé à l’installation du bourgmestre, Ousmane Ouermi. Occasion pour l’autorité de tutelle administrative de rappeler le sens de la décentralisation et exhorter surtout le Conseil municipal et les populations à ne pas perdre de vue, la vocation de cette gouvernance à la base. Saïdou Guigma va ainsi, et d’abord, rendre hommage à la délégation spéciale pour avoir assuré la transition jusqu’à ce passage à l’ordre constitutionnel normal. « Nous avons fait ressortir les attributions du Conseil municipal et celles du maire. Le Conseil municipal, c’est l’organe délibérant et le maire, l’organe exécutif. (…). Nous avons invité le Conseil municipal à se départir de clivages, de toutes considérations régionalistes, ethnicistes et se mettre résolument au travail pour le développement de la commune, ce pour quoi ont été élus les conseillers », a prodigué le secrétaire général.

La nécessité pour les administrés de rester mobilisés !

Expliquant que la décentralisation ne peut pas se faire sans déconcentration, le secrétaire général a, au nom de son mandant, pris l’engagement de faire en sorte que tous les services déconcentrés accompagnent le Conseil municipal pour relever les défis.« Au-delà des services déconcentrés, il y a la tutelle qui s’exerce à travers la tutelle administrative qui est le Haut-commissariat et la tutelle financière représentée par les services déconcentrés du ministère de l’économie et des finances. Tous les actes de la commune vont forcément passer devant ces organes pour un contrôle de légalité », a soutenu M. Guigma. Afin de permettre à ces élus locaux d’être conséquents, M. Guigma a annoncé une campagne de formation dans toutes les communes de la province ; une initiative globale de l’Etat au profit de ces acteurs. La formation sera assurée par des spécialistes locaux maîtrisant les réalités sociales, précise-t-il.

Par une mention faite à la grande mobilisation, le représentant du haut-commissaire a invité les populations à maintenir le cap dans une dynamique d’accompagnement de l’exécutif local. ‘’Regardez la mobilisation aujourd’hui, nous souhaitons qu’elle se poursuive autour des activités de la commune. C’est cela la décentralisation. Il faut éviter de poser tout acte à même de mettre à mal l’élan de développement de la commune. Ce qui implique aussi que vous vous acquittiez de vos obligations fiscales (taxes). Nous avons également interpellé les ressortissants de la commune ; il ne suffit pas de se retrouver aujourd’hui pour installer le maire pour après le laisser à lui seul, se débattre‘’, a galvanisé Saïdou Guigma.

Le développement participatif comme vision !

« Nos préoccupations sont nombreuses. Mais les plus cruciales sont relatives aux voies, à l’eau, à la santé et aux infrastructures scolaires(nous avons encore de nombreuses écoles sous paillottes). Aujourd’hui, quand vous voulez vous rendre à Sollé (commune voisine), il faut répartir à Ouahigouya pour pouvoir y parvenir. Nous avons deux grands marchés dans la commune, où nous pouvons faire des recouvrements mais, quand il pleut, on ne peut y accéder. Alors que ce sont les taxes qui développent les communes. Si nous avons des voies, c’est sûr que nous pourrions compter sur les taxes. En ce qui concerne la santé, tous les 42 villages que compte la commune ne disposent que de trois CSPS (Centre de santé et de promotion sociale) et certains villages doivent parcourir 20 km pour rejoindre un centre de santé. Dans ces conditions où il n’y a pas de voies, vous imaginez des cas de malades dans des états critiques et des femmes à terme qu’il faut évacuer … », a dressé, pour sa part, le maire, Ousmane Ouermi, nouvellement investi de tous les attributs. C’est pourquoi a-t-il invité les populations à se mobiliser pour faire face aux nombreux défis et à l’Etat d’œuvrer à impulser l’élan du développement dans la localité. Pour M. Ouermi, la grande mobilisation des populations témoigne d’ores et déjà leur détermination à accompagner l’exécutif municipal. Aubaine pour les encourager au civisme fiscal ; condition nécessaire pour amorcer le développement, dit-il.

’’Nous connaissons déjà des partenaires qui sont prêts à nous accompagner. Mais, il faut que cela soit fait de façon participative ; que nous (populations) puissions contribuer aux différentes actions en faveur de notre commune. Si de bonnes volontés veulent construire une école par exemple, que nous puissions apporter notre contribution. Mais, nous ne pourrons le faire qu’en payant nos taxes’’, a souligné le maire. Ases collègues conseillers, M. Ouermi a appelé à mesurer la « lourdeur de la responsabilité » qu’ils endossent. « Etre conseiller municipal, ce n’est pas un pouvoir. Etre conseiller, c’est être les yeux et oreilles des populations », a-t-il dit avant de les exhorter donc à être en phase avec les populations et à travailler pour leur intérêt.

Oumar L. OUEDRAOGO
(oumarpro226@gmail.com)
Lefaso.net

Ce qu’ont confié des habitants de Banh…

Amadou Maïga, responsable de jeunes :

Nous (jeunes) n’avons qu’une doléance : qu’on nous offre la possibilité de travailler. Nous n’avons pas besoin qu’on nous octroie de l’argent, des crédits. Que l’Etat fasse seulement des retenues d’eaux ou un barrage et vous verrez ce que les jeunes vont réaliser comme résultats. Nous avons la volonté mais on n’a pas de possibilités. Nous sommes déjà organisés en associations. Mais, face aux réalités, nous sommes obligés de nous investir par moments dans l’entretien de certaines pistes (routes) dans la commune. Voyez-vous comment les déplacements sont très difficiles. Non seulement pour avoir accès à la commune, c’est pratiquement impossible mais également à l’interne, c’est très difficile de circuler d’un village à l’autre. Si fait que les jeunes sont obligés de se rabattre sur le Mali et c’est triste.

Responsable de femmes :

Nous souhaitons avoir un Fonds d’appui aux projets des femmes. Ici, les femmes sont dans tous les secteurs d’activités : culture de sésame, de soja, de mil, etc.Elles sont aussi dans les activités de transformation de produits. Les femmes sont également bien organisées. Seulement, elles sont beaucoup limitées ici par l’inaccessibilité des Fonds de financements de l’Etat et aussi par d’autres préoccupations liées à la localité à l’image du manque de routes, d’eau, de centres de santé, etc. Ce sont vraiment des points qu’il faut voir pour permettre aux femmes de pouvoir contribuer à l’amélioration de leurs conditions de vie et au développement local.

Yacouba Ouermi :

Il faut que les populations se mobilisent derrière le maire, qui est un jeune et qui a de ce fait besoin de l’accompagnement de toutes les couches sociales de la commune. Seul, il ne pourra pas y parvenir. Que tout le monde se mobilise parce que, c’est nous qui avons choisi nos élus. Les problèmes de la localité sont connus et il va falloir vraiment que les structures compétentes se mobilisent pour venir en aide à la commune.

Mohamed Ouédraogo, ressortissant résidant à Ouahigouya, responsable de structure :

Pour venir à Banh, il faut calculer. Le véhicule (camion, ndlr)part de Ouahigouya chaque jeudi soir. Si tu rates ça, sois tu attends sois tu demandes le service des motos simples ou des taxis-motos. Là aussi, si tu n’as pas de moyens, tu ne peux pas parce que certains vont te proposer jusqu’à 25 000 Fcfa FCA, d’autres 15 000 F ou à 10 000 Fcfa pour te déposer. Ça dépend. C’est vraiment difficile parce que les gens ne veulent même pas y aller. Emprunter le trajet, surtout la nuit, c’est vendre sa vie. Il n’y a pas de routes, il y a trop de bas-fonds et en plus, le banditisme est grandissant dans la zone. Les jeunes qui étaient sur les sites d’or et qui ont vu les sites fermés sont revenus et n’ont plus rien à faire. Beaucoup se sont reconvertis dans le banditisme. Cette insécurité n’est pas propre à la province du Loroum mais à l’ensemble du Yatenga (la province du Loroum était, jusqu’en 1996, rattachée au Yatenga, ndlr). Nos autorités doivent vraiment voir la question des voies dans la région du nord et créer des barrages pour permettre aux jeunes de s’occuper. Les jeunes qui reviennent des sites sont de plus en plus nombreux et avec les pratiques qu’ils ont apprises là-bas, s’ils n’ont pas de quoi s’occuper, c’est une bombe que les autorités sont en train de fabriquer.

O.LO.
Lefaso.net

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