Les populations de la ville de Ouahigouya ont répondu à l’appel des autorités de la transition en se joignant à la commémoration de la journée des martyrs de l’insurrection populaire d’octobre 2014 et du coup d’Etat militaire de septembre 2015. C’est par une marche sur environ une dizaine de kms dans les artères de la ville, qu’autorités administratives, politiques, religieuses, coutumières, organisations de la société civile, jeunes scolaires et étudiants ont voulu témoigner leur engagement pour la liberté, la justice, la paix et la démocratie.

Une place dédiée aux martyrs, inaugurée

« Les martyrs représentent un des plus puissants leviers de l’humanité et peuvent transformer une populace altérée de sang en un groupe d’hommes prêts à mourir pour un idéal de justice ou de liberté » disait l’écrivain et philosophe français Pierre Lecompte du Nouy dans son ouvrage intitulé « L’homme et sa destinée ». C’est incontestablement dans cette logique que la population de la cité de Naaba Kango qui pleure ses fils (Ouédraogo Ousmane, Bonsa Rachid, Sawadogo Abdoul Rachid) tombés à la fleur de l’âge lors de l’insurrection populaire, a salué l’initiative des autorités de la région du Nord de baptiser un espace en bordure de la Route Nationale N°2 en « Place des Martyrs ». Le Président de la Délégation Spéciale de Ouahigouya Thomas Bambara dans son intervention au cours de la cérémonie inaugurale a au nom des populations exprimé sa joie et sa reconnaissance pour la renaissance portée par les martyrs tombés pour plus de démocratie, de justice et de liberté au Burkina Faso.

Renforcer la solidarité à l’endroit des familles de victimes et blessés

La journée d’hommage aux martyrs est célébrée cette année sous le thème « Consolidation de la paix et cohésion sociale ». Le gouverneur de la région du Nord Hassane Sawadogo lors du meeting organisé à la place de la Nation après la marche et l’inauguration de la désormais Place des Martyrs, a rappelé aux uns et aux autres que la journée dédiée aux martyrs devrait être l’occasion pour tous les burkinabè de se réconcilier, de se pardonner et de se tolérer mutuellement. « Aucune Nation ne peut se développer en dehors de la paix et de la cohésion sociale. Aussi devrions-nous garder à l’esprit que la paix et la cohésion sociale sont une construction inlassable et perpétuelle qui interpelle chaque citoyenne et citoyen de notre pays » a soutenu Hassane Sawadogo, avant d’inviter la population, à l’exemple du gouvernement, à poursuivre la solidarité à l’endroit des familles des victimes et blessés de l’insurrection.

El Hadj Omar Ouédraogo, porte parole des familles des victimes dans une allocution pleine d’émotion n’a pas manqué de revenir sur les journées des 30 et 31 octobre 2014 qui ont fait trois victimes à Ouahigouya. « Nos cœurs meurtris par la douloureuse épreuve trouvent un soulagement par la mobilisation, le soutien populaire et la solidarité à notre endroit » a soutenu El Hadj Omar qui du reste à invité les Ouahigouyalais à cultiver la paix et la tolérance. Exécution de l’hymne national et la minute silence observée en mémoire des martyrs ont mis fin aux activités de cette journée commémorative qui a été marquée par l’absence totale des acteurs de la coordination pour la résistance du Yatenga (COPRY), structure née au lendemain du coup d’Etat du Conseil National pour la Démocratie et qui regroupe plusieurs entités que sont les partis politiques, les syndicats, et plusieurs organisations de la société civile.

Yann NIKIEMA
Lefaso.net