La Région du Nord couvre une superficie de 17 885 Km2, soit 6% du territoire national. Dans cette contrée à la porte du désert située sur la bande sahélo-sahélienne et qui regroupe quatre provinces (Loroum, Pasoré, Yatenga, Zondoma), abrite 1.461.430 âmes qui vivent essentiellement entre autres de l’agriculture, de l’élevage et du maraîchage. L’installation effective de la campagne agricole 2015-2016, à en croire les techniciens, est intervenue au cours du mois de juin avec des pluies faibles, mal réparties dans le temps et dans l’espace. La conséquence sur le terrain a été la difficile exécution des opérations culturales telles que les labours et les semis, foi du directeur régional du Nord de l’agriculture, des ressources hydrauliques, de l’assainissement et de la sécurité alimentaire Adama Boro.

Une amélioration progressive depuis le début du mois de juillet.

Cette campagne agricole comparativement à celle de l’année dernière est favorisée par dame nature du point de vue pluviométrique. Pour M. Boro, les relevés des postes pluviométriques dégagent majoritairement des écarts positifs allant de 1 mm à 188,8 mm. L’abondance des pluies à un certain moment a occasionné malheureusement des cas d’inondations des cultures dans les communes de Ouahigouya, Namisguima, Oula, Thiou, Barga, Séguénéga dans la province du Yatenga. A la date du 31 août 2015, l’état des cultures reste toutefois satisfaisant. En effet le sorgho, le riz, le mil sont au stade montaison, le maïs en épiaison/floraison, tout comme l’arachide et le niébé. Par rapport aux opérations culturales, l’on retiendra qu’elles sont au stade du buttage (50-75%) qui est une opération culturale qui consiste à ramener la terre en forme de « butte » au pied des plantes, il s’agit selon les techniciens de renforcer l’émission de racines adventives pour faciliter la croissance, ou bien de recouvrir une partie des plantes pour les forcer à blanchir.

Vers une atteinte des objectifs de la campagne

Au regard de la situation d’ensemble caractérisée par une bonne pluviométrie et une relative accalmie phytosanitaire, Adama Boro a qualifié de bonne la saison dans les provinces du Yatenga, du Passoré, du Zondoma, la trouve passable dans le Loroum et dit espérer atteindre les objectifs de production. « Si cette tendance se maintient, cet espoir sera une réalité dans la Région du Nord, et même se consolider avec le disponible en eau des principaux points d’eau pour les activités de production de saison sèche compte tenu du niveau de remplissage des barrages qui est très satisfaisant » a renchéri le premier responsable de l’agriculture du Nord. Pour cette campagne, la programmation de la production céréalière de saison humide selon la Direction Générale des Etudes et des Statistiques Sectorielles du MARHASA prévoit pour le Nord, des quantités importantes qui sont en hausse par rapport à la campagne précédente. En effet les prévisions sont de l’ordre 123 243 tonnes pour le mil, le maïs 9 307tonnes, le riz pluvial 1 180 tonnes, le Sorgho blanc 153 410 tonnes et 107 436 tonnes pour le niébé etc.

Intensifier la vulgarisation des technologies innovantes

Les autorités gouvernementales ont lancé la campagne agricole humide 2015-2016 sous le thème : « Promouvoir la vulgarisation des technologies innovantes pour une amélioration durable de la productivité des exploitations agricoles familiales ». En effet, pour les observateurs bien avertis du monde agricole, la faible utilisation des intrants, des équipements agricoles, combinée à la faible adoption des technologies agricoles par les producteurs est une sérieuse préoccupation pour l’accroissement de la productivité. Pour ce faire, les techniciens de l’agriculture s’évertuent à sensibiliser les acteurs pour changer les mentalités dans la région du Nord. Les producteurs qui sont conscients des effets des changements climatiques acceptent de plus en plus les technologies innovantes en se lançant dans le Zaï, les demi-lunes et en utilisant les semences améliorées etc.

Dans le village de Rikou tout comme à Bouro à quelques encablures de Ouahigouya, des champs font la fierté des exploitants même si la stagnation des eaux pluviales du mois d’août pose des soucis. Malgré tout Boureima Tirouda du village de Bouro dit qu’il reste convaincu qu’il faut s’adapter désormais à toutes les situations. « Face à une telle campagne à plusieurs variables, démarrer tôt, suivre l’itinéraire technique, utiliser les semences améliorées, pratiquer des techniques agricoles adaptées, utiliser la fumure organique s’avèrent être dans tous les cas, les clefs de succès pour assurer la sécurité alimentaire de sa famille » soutient avec conviction le quadragénaire Salif Sawadogo du village de Rikou.

Yann NIKIEMA
Lefaso.net