Région du Nord : L’ONG CBM forme des cadres de santé pour promouvoir la qualité des soins en santé mentale

Publié le jeudi 18 juin 2020 à 22h51min

PARTAGER :                          
Région du Nord : L’ONG CBM forme des cadres de santé pour promouvoir la qualité des soins en santé mentale

Dans le cadre de la mise en œuvre de la phase 2 du Projet « Seconde Chance » de prise en charge et de réinsertion socio-économique des personnes ayant un handicap psychosocial, y compris celles vivant dans la rue, l’ONG Christoffel Blindenmission (CBM), en collaboration avec la Direction régionale de la santé du Nord, a organisé un atelier de formation des formateurs sur le « QualityRights ». C’était du 15 au 19 juin 2020 à Ouahigouya.

Redonner aux personnes handicapées psychosociales de la région du Nord des opportunités en matière de soins, d’écoute attentive et bienveillante, de respect de leurs droits et de réinsertion au sein de la communauté. Tel est l’objectif visé par le projet « Seconde chance ». Ce projet met un accent particulier sur le renforcement des capacités des acteurs en santé mentale de la région du Nord pour l’intégration des soins de santé mentale dans les centres sanitaires périphériques.

C’est dans cette optique qu’a été organisée la formation d’un pool régional de formateurs sur les droits des malades mentaux basé sur le QualityRights. Le guide QualityRights est une initiative de l’OMS qui a pour but d’améliorer la qualité des soins en santé mentale et dans les services qui lui sont associés, et de promouvoir de par le monde les droits des personnes en situation de handicaps psychosociaux, intellectuels et cognitifs.

Améliorer la qualité des soins et promouvoir les droits des personnes en situation de handicaps

A l’ouverture des travaux, Oumar Sangaré, représentant le directeur Pays de CBM, a indiqué qu’au Burkina Faso, une étude épidémiologique en population générale réalisée en 2015 montrait que 41% de la population générale âgée de 18 ans et plus a souffert d’au moins un trouble mental. Cette situation, à l’en croire, traduit l’importance de cette pathologie dans notre pays. Et d’ajouter que si rien n’est fait, la charge des troubles mentaux, la consommation des substances psychoactives et les troubles qui y sont liés continueront de croître et d’avoir une forte incidence sur la santé, avec des conséquences indéniables sur le plan socio-économique, tout en mettant à rude épreuve les droits de l’homme.

Dr Traoré Hamado Directeur régional de la santé du Nord

Dans son intervention, Dr Amado T. Traoré, directeur régional de la santé du Nord, a, pour sa part, indiqué que l’objectif de l’atelier est de former un pool de formateurs de la région du Nord, constitué de médecins généralistes, d’attachés de santé spécialistes en santé mentale et des infirmiers des six districts sanitaires de la région du Nord (Ouahigouya, Thiou, Titao, Gourcy, Séguénéga et Yako) sur le guide QualityRights de l’OMS.

Ces derniers auront pour mission de former à leur tour des infirmiers-chefs de postes dans l’ensemble des centres de santé de la région du Nord. Avant de déclarer ouverte la session de formation, le Dr Traoré a exhorté la vingtaine de participants à la concentration et à contribuer dans les échanges afin de tirer le maximum de profits et d’enseignements des formateurs.

Faire le lien entre la santé et les droits humains

Sourabié Seydou formateur

Par des communications, quatre modules clés ont été développés. Seydou Sourabié, conseiller en droits humains, par ailleurs directeur régional des droits humains du Nord, co-formateur, a indiqué que la formation fait le lien entre la santé et les droits humains. Pendant cinq jours de formation, les modules dispensés ont permis de comprendre les droits humains, de savoir comment promouvoir les droits humains en santé mentale, comment mettre en œuvre le rétablissement et le droit à la santé mentale. Il s’est agi d’expliquer aux participants les différents abus dont les malades mentaux sont victimes, ainsi que leurs droits qui doivent être respectés par tous, au même titre que pour l’ensemble de la population.

Le temps de la session de formation a permis aux agents de santé de mieux cerner la problématique des droits de l’homme, ainsi que les liens entre ces différents droits, sans oublier les situations concrètes de violation de droits de l’homme. Aussi, ils ont appréhendé ce qui rend certains groupes d’individus plus à risque de subir des violations de droits de l’homme.

Les participants ont appris surtout à identifier les moyens concrets par lesquels les professionnels de santé mentale et autres professionnels non-spécialistes (personnes en situation de handicaps psychosociaux, intellectuels et cognitifs ; familles ; partenaires soignants et autres soutiens) peuvent être des agents du changement et des défenseurs des droits de l’homme. Outillés, les professionnels de la santé disent être maintenant capables d’identifier les façons dont les personnes en situation de handicaps psychosociaux, intellectuels et cognitifs sont privées de leurs droits. Et d’autre part de comprendre comment la stigmatisation se développe.

Renforcer les capacités opérationnelles des partenaires dans la lutte contre la Covid-19

Remise symbolique entre le représentant de CBM (gauche) et Justin Somé, gouverneur de la région du Nord (à droite)

En marge de cette session de formation, CBM a procédé à la remise officielle d’un lot de matériel pour contribuer à l’effort national de lutte contre la Covid-19. Cette cérémonie officielle, placée sous le parrainage du gouverneur de la région du Nord, a permis la remise de matériel de protection composé de 150 affiches de sensibilisation sur la Covid-19, 600 prospectus de sensibilisation, 36 dispositifs de lavage des mains, 52 cartons de savon, 20 cartons de masques de protection FFP2, 19 cartons de masques chirurgicaux.

Cette remise de dons fait suite à celle organisée récemment au niveau national, qui a permis de mettre à la disposition d’une dizaine de régions, du matériel de même nature et des vivres pour les personnes vulnérables. Les dons en nature sont estimés à environ 52 millions de F CFA, laissera entendre M. Sangaré, le représentant du directeur Pays de CBM. 

Quant aux dons en espèces, ils sont estimés à plus de 32 millions de F CFA, et vont contribuer, entre autres, à renforcer les capacités opérationnelles des partenaires dans la lutte contre la Covid-19, avec une forte inclusion des personnes handicapées. L’action de CBM a été rendue possible grâce à sa capacité de mobilisation des ressources financières auprès de ses partenaires que sont entre autres CBM Allemagne, CBM Suisse, la Coopération italienne, la Coopération allemande, etc.

En rappel, CBM, lancée en 1908 par Ernst Jakob Christoffel, est une organisation internationale d’aide au développement engagée dans l’amélioration de la qualité de la vie des personnes handicapées vivant dans les communautés les plus pauvres du monde, sans aucune discrimination. CBM lutte par conséquent contre la pauvreté en tant que cause et conséquence du handicap, et travaille en partenariat afin de créer une société qui intègre tout le monde.

Dix régions du Burkina connaissent une intervention de cette organisation à travers des thématiques prioritaires. Il s’agit entre autres de la santé (mentale, auditive, oculaire), l’éducation inclusive, les moyens de subsistance, la gestion inclusive des risques de catastrophes, la sécurité alimentaire et la résilience des ménages, l’éducation et la promotion des personnes albinos et le plaidoyer pour la protection et la promotion des droits des personnes handicapées.

Yann NIKIEMA
Lefaso.net

PARTAGER :                          
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique