Projet filets sociaux « Burkinnaong sa ya » : Des résultats probants dans des villages de la commune de Ouahigouya

Publié le mardi 17 octobre 2017 à 15h41min

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Projet filets sociaux « Burkinnaong sa ya » : Des résultats probants dans des villages de la commune de Ouahigouya

Le monde célèbre la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté le 17 octobre 2017 sous le thème « répondre à l’appel du 17 octobre pour éliminer la pauvreté : une voie vers des sociétés pacifiques et inclusives ». Dans le cadre de cette activité, le Groupe de la banque mondiale a organisé en partenariat avec le projet filets sociaux une visite terrain, le 16 octobre 2017 à Pirgo et à Bembela, des villages de la commune de Ouahigouya.

Le projet filets sociaux a une enveloppe financière de 28 milliards de F CFA, financée par un crédit avec la Banque mondiale à travers l’IDA et du Fonds d’affectation spéciale multi donateurs pour la protection sociale adaptative au Sahel. Il couvre les régions du Centre-Est (Boulgou, Koulpelogo), l’Est (Gourma, Tapoa, Kompienga), le Nord (Yatenga, Zondoma, Lorum et le Passoré) et le Centre-Ouest (Boulkiemdé). Ce fonds a pour objectif d’appuyer les revenus des ménages pauvres et d’établir les fondements d’un système de base de filets sociaux au Burkina Faso. Au total, 72 000 ménages bénéficieront des transferts monétaires pendant la durée de vie du projet (2014 au 31 août 2020). Les bénéficiaires sont composés des ménages pauvres avec des enfants de moins de 15 ans, des femmes enceintes et allaitantes.

C’est dans le but de constater de visu l’impact du projet sur les bénéficiaires que le Groupe de la Banque mondiale en partenariat avec le Projet filets sociaux a organisé une visite terrain le 16 octobre 2017 au profit d’une dizaine de journalistes.

Des bénéficiaires satisfaites

Après une visite de courtoisie chez le chef de Pirgo, un village situé à une dizaine de kilomètres de la commune de Ouahigouya, les invités du jour ont été reçus par la famille Baguian. A cœur ouvert, la mère de trois enfants, Zénabo Baguian nous relate brièvement sa vie d’avant : « C’était la misère. On manquait du strict minimum pour vivre ». Ce sombre passage n’est plus qu’un lointain souvenir. Car, depuis lors, sa vie a connu une nette amélioration. « Avec l’argent perçu dans le cadre de ce projet, j’ai pu m’acheter une charrette, un âne et de petits ruminants pour démarrer une activité économique », se réjouit-elle. A entendre Mme Baguian, cet élevage lui apporte d’énormes satisfactions. « Aujourd’hui, j’arrive à assurer la scolarité de mes enfants et de faire face à certaines dépenses de la famille », a-t-elle soutenu.

Comme elle, Aminatou Sawadogo, la cinquantaine révolue, a reconnu le bienfait du projet. « Avant, je vivais dans une maison en terre battue. Lorsqu’il pleuvait, il était quasi impossible de dormir parce que la maison était submergée d’eau. Mais grâce aux ressources reçues, j’ai pu construire une maisonnette de 14 tôles. Désormais, je ne suis plus inquiétée quand il pleut. Aussi, la grand-mère que je suis, arrive à apporter sa modeste contribution aux charges de ses petits-enfants », a-t-elle signifié.

Minata Sawadogo a embouché la même trompette : « Pour subvenir aux dépenses de ma famille, je chargeais de l’eau pour aller vendre au niveau des sites aurifères. C’était à la fois pénible et fatiguant. Grâce au projet, je me suis acheté une charrette et une ânesse, qui du reste a mis bas. Maintenant mon business me rapporte bien en numéraires ». Son chiffre d’affaires journalier varie entre 1000 et 2000 F CFA. Toute chose qui a positivement impacté son quotidien. Madame Sawadogo ne se contente pas que de la vente de l’eau. Elle pratique l’élevage également.

Des frais d’ordonnance honorés grâce au fonds reçu

Du côté de la famille Sawadogo, le projet filets sociaux « Burkinnaong sa ya » a permis de sauver la vie d’un jeune-homme de 14 ans. Ce dernier a souffert pendant presqu’une année de maux de ventre. Nous avons tendu notre micro à sa génitrice, Minata Sawadogo qui nous a confié : « Mon fils faisait constamment la diarrhée et vomissait même du sang. Nous avons été à l’hôpital à maintes reprises pour des soins. Mais faute de moyens, on n’a pas pu continuer le traitement ».
La famille avait ainsi perdu tout espoir de le voir de nouveau sur pied, mais, grâce à l’argent reçu, elle a pu prendre en charge l’intégralité des soins. « Aujourd’hui, on rend grâce à Dieu, il a recouvré la santé », a laissé entendre la mère. Issu d’une fratrie de 7 enfants, l’adolescent est en classe de CM2. C’est avec un large sourire aux lèvres qu’il a promis passer avec succès son examen à la fin de l’année scolaire. Une manière peut-être pour lui, d’exprimer sa gratitude à sa mère pour les nuits blanches passées à son chevet et aux initiateurs du projet.

Dans le village de Bembela, toujours dans les encablures de Ouahigouya, des bénéficiaires ont aussi loué l’initiative. Parmi lesquelles Habibou Sawadogo : « Grâce à l’accompagnement financier, je vends des habits pour bébé. Et pour faciliter mon déplacement d’un marché à un autre, je me suis acheté un vélo. Le bénéfice de mon activité me permet de joindre les deux bouts ». Puis à Maïmouna Belém de renchérir : « Je n’ai rien à envier à un fonctionnaire (…) ».

Elles ont unanimement exprimé leur reconnaissance au gouvernement et au Groupe de la Banque mondiale. Les bénéficiaires ont également lancé un cri de cœur aux promoteurs pour que d’autres familles puissent bénéficier du bienfait des transferts monétaires.

Le comité de pilotage est dirigé par le Secrétaire général du ministère en charge de la femme

Pour le Coordonnateur national du projet, Emile Zabsonré, si le projet n’existait pas, il fallait le créer. « Je suis très émerveillé par les changements qui ont eu lieu au niveau des bénéficiaires dans les deux villages. Il y a beaucoup qui ont pu s’épanouir à travers les ressources que nous leur accordons. C’est d’ailleurs l’objectif du projet », a-t-il dit. Le ciblage au niveau du projet est fait à partir des données de l’enquête intégrale sur les conditions de vie des ménages de 2009-2010. « Il s’agit d’une enquête très rigoureuse et le processus est très long. A partir de l’enquête, il y a des sorties qui sont effectuées dans toutes les concessions lorsqu’on arrive dans un village. Après un travail est fait au niveau de notre service informatique et de gestion sur des critères sélectifs », mentionne M. Zabsonré.

Il convient de souligner que les transferts monétaires se font à raison de 10.000 F CFA/mois pour les ménages de moins de 5 enfants et 13.000 F CFA/mois pour les ménages de 5 enfants et plus.

En terme de perspective, le gouvernement entend étendre le programme de transferts monétaires à l’ensemble des 13 régions du pays.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net

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