Commune rurale de Sollé : Loin de toutes les commodités, la bataille pour l’existence !

Publié le lundi 17 juillet 2017 à 02h42min

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Commune rurale de Sollé : Loin de toutes les commodités, la bataille pour l’existence !

« Sollé », de la prononciation à l’origine, « Soolé », à ce qu’on dit, signifie, en Fulfuldé, la poussière soulevée par le troupeau de bœufs. Commune rurale, Sollé fait partie des quatre circonscriptions qui composent la province du Lorum (et dont Titao est le chef-lieu). Pour localiser cette circonscription, il faut se projeter à 279 kilomètres, au nord de Ouagadougou. Le principal trajet d’accès à la commune est celui qui passe par Ouahigouya, chef-lieu de la région du nord, à partir d’où il faut consommer 90 kilomètres de pistes par la départementale N°84. Sollé est délimitée du côté nord par la borne frontalière de la République du Mali, à l’Ouest par la commune de Banh, Titao au Sud (à 45 km) et la commune de Baraboulé à l’Est. Selon les projections du taux d’accroissement naturel, Sollé compte à ce jour 42 418 âmes dont 19 756 hommes et 22 662 femmes reparties sur une superficie de 115,2 km2. Elle compte également seize villages administratifs (et quatre autres sont attente d’être érigé en villages).

Les Mossés, les Yarsé, les Fulsé, les Peulhs…sont, essentiellement, les grands groupes ethniques qui vivent dans la commune et les noms fréquemment rencontrés sont, entre autres, Yabao, Konfé, Badini, Ganamé, Nacanabo…
« En saison pluvieuse, l’accès à la commune est quasiment impossible », avoue le premier responsable du Conseil municipal. Comme nombre de communes du pays, Sollé est donc quasiment inaccessible en saison pluvieuse et les possibilités d’échanges commerciaux, tant avec les communes du Burkina qu’avec le Mali, restent pénibles et timides.

Touristiquement, la colline de Tibou (colline de référence) fait parler d’elle. Imposante de 400 et 600 mètres d’hauteur, elle attend d’être valorisée. Cette colline qui a fait office de refuge pour les ancêtres lors des guerres est classée sacrée.

Cette expression de la nature disposerait à son sommet, de retenue d’eau intarissable dans cette zone où l’eau est pourtant une ressource très rare. Selon des explications, on trouve sur la colline de Tibou, des serpents, des caïmans, des oiseaux de plusieurs espèces, etc. « C’est miraculeux, on ne sait pas comment l’eau a pu exister jusqu’au sommet de cette colline, et de façon permanente. Quand on était enfant, on montait jusqu’au sommet. Mais, il y a de gros serpents, tel que le boa, et des caïmans. Pour monter, on vous donne d’abord les interdits, que je ne vais pas citer ici », a dévoilé le maire, Gombogo Balzac Nacanabo, magnifiant ce lieu qui semble faire la fierté des habitants de la commune. Pour lui, cette colline mérite d’être valorisée aux côtés de la marre aux caïmans qui existe dans la commune. Ce serait un grand atout pour la commune, un plus pour le Burkina.

Au plan économique, si l’agriculture reste le secteur classique de production, l’élevage a pris une proportion très importante ces dernières années (avec une production passée du simple au triple). Ce secteur se déploie essentiellement par la filière embouche bovine et la volaille. En plus de l’absence de réseau routier, la télécommunication, qui aurait pu atténuer certains calvaires, est timidement assurée que par deux réseaux de téléphonie-mobile, auxquels les populations n’arrivent d’ailleurs pas à accéder (du fait du faible signal). « A l’heure d’Internet, la connexion 3G n’est toujours pas disponible, rendant les échanges de documents pratiquement impossibles par mail. Il en est de même pour l‘accès à l’information et aux réseaux sociaux à travers Internet », constate, impuissant, le conseil municipal.

Sur le plan politique, et à l’issue des élections municipales du 22 mai 2016, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP) s’est arraché le plus grand nombre de conseillers (17), suivi du Nouveau Temps pour la Démocratie (NTD) avec douze conseillers et le Mouvement pour la démocratie en Afrique (MDA) avec trois élus. Une équipe municipale qui a fort à faire, au regard de l’immensité des tâches. Tant, en termes de besoins, tout est à construire dans cette commune. Et si fait que lorsqu’on demande au premier responsable du Conseil municipal, les priorités pour sa commune, il éprouve des ‘’difficultés’’ pour les énumérer par ordre ... Mais, un bref moment d’échanges permet de mesurer, un tant soit peu, quelques préoccupations pressantes pour les habitants de la commune de Sollé. On retient par exemples, que Sollé est cette commune-là qui a de fortes et urgentes attentes en matière d’éducation, d’eau, d’infrastructures routières et de santé.

Le maire de Sollé, Gombogo Balzac Nacanabo

A titre d’illustration, c’est avec peine que le maire confie, entre autres, que de nombreuses salles de classe servent de dortoir pour les enseignants. En termes précis, logements d’enseignants la nuit, salles de classes, le soleil levé. Les élèves, eux, ont pour tables-bancs, des briques localement fabriquées. Ici, les tables-bancs sont même un luxe, dans un environnement où les écoles sous paillotte rivalisent avec les constructions en matériaux définitifs. Que dire des autres secteurs-clés de la vie ?

Malgré tout…, agents de l’Etat (élus locaux, acteurs de développement et surtout enseignants) se déploient à leurs missions avec détermination et hargne. Loin des moindres commodités … ! « Sollé doit changer de visage... Sollé est notre New-York, et nous allons la construire avec toutes ses forces-vives », détermination de l’équipe municipale.

C’est ce qu’on peut aussi retenir de moments d’échanges en ce week-end des 8 et 9 juillet 2017, avec des membres de l’équipe municipale de Sollé, rencontrée à Ouahigouya, nez plongé dans les dossiers de la commune.

De la vie de Sollé, les chantiers, les ambitions de l’équipe dirigeante à l’horizon 2021..., le maire, Gombogo Balzac Nacanabo, ne laisse aucun détail. C’est également à travers une interview qu’il a bien voulu accorder à notre organe et qui vous sera proposée au cours de la semaine.

O.O
Lefaso.net

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